Cette sensation unique d’avoir pleinement vécu, d’être allé au plus profond des choses, quelque chose que je ressens toujours, de retour du pays du soleil-levant..
Après 4 ans d’attente, Curiousitea repartait pour de nouvelles aventures en terre nippone. Pendant un mois je pus de nouveau sillonner le pays à la recherche de nouveaux crus passionnants, mais aussi et surtout en quête de rencontres symboliques ou décisives avec nos partenaires producteurs de thé et tous les artisans et travailleurs gravitant autour de cet univers fascinant. Tisser le lien, le garder riche et solide, se voir transmettre le savoir-faire et partager en retour. Il y a 4 ans je revenais du voyage le plus fort de toute ma carrière, les bras chargés de thé japonais, cette fois-ci, j’eus l’immense plaisir d’arriver au Japon avec, dans mes bagages, du thé breton, occitan, italien, allemand… Je partageais ainsi avec tous ces producteurs les avancées du thé européen. De riches échanges et pistes d’amélioration en ressortirent…Toutes ces perspectives donnèrent plus que jamais du sens à mon retour ici, dans ma seconde maison d’adoption.
Ce 5ème voyage se découpait en 4 principales excursions en terroirs théicoles :
- KYŌTO-UJI-NARA
- KYŪSHŪ
- SHIZUOKA
- SAITAMA
À Kyōto, je retentais ma chance pour un MARATHÉ encore plus fou, en compagnie de mon ami Vincent, grand passionné de thé. Nous étions bientôt rejoints par Diane, jeune entrepreneuse que j’accompagne depuis maintenant 6 mois sur la création d’un projet autour du Matcha, venue expréssement de Paris pour une immersion dans les plantations de thé. C’est ainsi que nous finissâmes ce Marathé en beau(thé) sur une dernière adresse folle ! À retrouver très bientôt sur Instagram dans un Reel à garder précieusement pour votre prochain voyage dans la plus belle ville du monde…
À Ōsaka, je rencontrais enfin mon sensei de cérémonie du sencha ou Senchadō après 2 ans de pratique à distance, bridé que j’étais par la pandémie et ses restrictions. Je pratiquais alors dans sa maison à flanc de colline sous ses yeux bienveillants et dégustais avec ravissement l’authentique senjirucha, la préparation ancienne plongeant les feuilles dans une eau en ébullition. J’étais alors ébahit de ne trouver aucune amertume dans le breuvage.
À Uji, nous allions tous deux visiter le temple où tout a commencé pour le Senchadō, le Manpuku-ji : ma Mecque à moi. Un lieu chargé d’histoire et de magie, établi par un certain moine du nom de Ingen, qui, par ses origines chinoises, sera à l’initiave de cette nouvelle pratique du thé auprès des moines, point de départ de l’école de thé dont j’ai l’honneur de faire partie.
À Nara, je m’émerveillais dans l’antique maison d’ISOZAKI Ryotaro (à ma gauche), fondateur de YUSANDO, producteurs de thés les plus purs et naturels qui soit. Je découvrais alors la véritable apparence d’un champ de thé japonais, lorsque celui-ci n’est traité d’aucune manière que ce soit. Je dégustais son matcha plus qu’atypique, qui, fraichement moulu pour les besoins d’une cérémonie chanoyu Mushanokōji-senke mémorable, présentait une saveur et un corps tel qu’on en voit peu depuis l’époque Édo.
À Kyūshū, je prenais la route accompagné de mes partenaires de longue date, Marumatsu Tea Company, partant de Fukuoka pour parvenir jusqu’à la pointe de Kagoshima, au pied du volcan Sakurajima, rencontrant pas moins de 3 à 4 producteurs ou professionnels du thé par jour ! Un périple unique et mémorable, pour lequel un article entier sera consacré.
À Shizuoka, c’était comme un retour à la maison : poursuivant ma collaboration avec Marumatsu, j’offrais aux locaux le bonheur de déguster leur premier thé de l’année, chacun rapportant sa boîte de Shincha pour partager avec toute la famille. Je retrouvais aussi un ami cher : le fameux URUSHIBATA Susumu, qui m’emmenait une fois encore sur les sentiers du thé, à la rencontre de ses amis producteurs dans les plaines de Makinohara ou encore dans les montagnes de Kawane-chō ! Je faisais enfin la rencontre de MAEJIMA Tohei, producteur de légende, qui, du haut de ses 80 ans passés, me transmis, dans un moment de grâce, la façon idéale de détacher des branches les feuilles réservées à la fabrication d’un hon-gyokuro.
À Saitama, je rejoignais tour à tour le grand HIRUMA Yoshiaki pour la dégustation de ses incroyables ichōcha et temomicha mais aussi et surtout mon ami SHIMIZU Keiichiro, producteur de thés uniques au Japon : oolong de bourgeons, thé blanc et autres merveilles issus de flétrissages, sa spécialité. La joie et la gratitude infinie ressenties lorsqu’il m’a transmis sa technique secrète de fabrication d’un thé blanc à très faible oxydation… L’objet d’un article imminent et un thé déjà disponible sur notre comptoir, pour la deuxième année consécutive.
Je terminais avec un petit circuit de producteurs triés sur le volet, organisé par Madame KUNIE Kajishima, représentante de l’association SAITAMA AGRI, défendant la production de thé single origin en terres de Sayama. Un tour immortalisé par la télé locale…
Autant être clair : j’en ai des choses à vous raconter. Et ça démarre maintenant avec un rendez-vous à ne pas manquer… Le dimanche 6 Octobre, préparez-vous pour une traversée vous emmenant tout droit chez tous ces producteurs de renom que je viens de citer car nous allons ensemble déguster nombre de leurs thés que je vous ai ramenés ! Alors rendez-vous à 14h à Nanterre-Ville pour un atelier que vous ne serez pas prêts d’oublier ! (une seule place encore disponible…)
Cette retrospective se poursuivra par la publication d’autres billets, ici même sur curiousitea.fr avec des coups de projecteurs sur les meilleurs thés, les meilleures rencontres et les plus grands producteurs qui ont, par bonheur, croisés ma route, lors de ce 5ème trip de folie !
Dans ma tête, j’ai mis du temps à atterir, bien plus de temps qu’il n’en fallut à cet avion pour me ramener à la maison. C’est quelque chose que seul les gens ayant été au Japon vous diront : à chaque périple, on pense avoir vécu le meilleur, et à chaque nouvelle expédition, on s’enfonce encore davantage dans la passion, allant toujours plus loin, dans ce puit de miracles sans fond. Le Japon, on n’en fera jamais le tour, même si on en visitait les 47 circonscriptions, on passerait toujours à côté de quelque chose. On peut retourner dix fois au même endroit et y décourir autre chose la onzième, sans se fatiguer, sans se lasser, sans se dépassionner.
Pour certaines raisons pourtant, il faudra bien finir par, tôt ou tard, se restreindre, se limiter. Prendre ainsi l’avion chaque année comme je l’ai fais par le passé, sans se poser de question, sans se raisonner, c’est persévérer et signer le contrat de mort de notre environnement bien-aimé.
Mais vous savez, le Japon, c’est aussi une philosophie, une énergie. Elle est partout autour de moi, de vous, de nous. Jusqu’en France. Surtout en France. On peut la trouver dans ce restaurant authentique monté par des expatriés, on peut la ressentir dans ces jardins japonais poussant aux quatre coins de l’hexagone, on peut la percevoir dans tous ces projets de production de denrées (miso, shoyu, nihonshū, légumes japonais…) insoupçonnées, on peut la dénicher dans ces champs de thé en Bretagne, dans les Pyrénées ; on peut la trouver enfin, et surtout, dans une tasse de thé, avec ces gestes, cette hospitalit(h)é, qui, invariablement, inlassablement, l’accompagnent, avec majest(h)é.